Journaliste à la radio Mutaani de Goma, Charly Kasereka molesté par la police alors qu’il couvrait une
manifestation de jeunes. Les faits se sont déroulés le 20 août, devant le
bureau du gouverneur du Nord-Kivu, où des sympathisants du député Muhindo Nzangi
Butondo réclamaient la libération de leur leader, jugé, condamné et emprisonné
pour « atteinte à la sûreté de l’Etat »,par la Cour suprême de
justice. Suivez le témoignage :
Musée de Himbi siège du gouvernorat du Nord-Kivu. Il
est environ 12 heures lorsqu’un mince filet de soleil perce enfin le ciel gris
menaçant.
Une centaine de jeunes sympathisants du député Muhindo Nzangi,
pancartes à la main, exigent la libération de leur élu. Entre deux slogans, ils déclament des poèmes.
Ils sont tous assis par terre.
Pour l’heure, l’ambiance est décontractée. Mais bientôt, la
situation va dégénérer.
Le maire de Goma, Monsieur Naasson Kubuya essaie de palabrer
avec les jeunes contestataires. Il leur propose d’envoyer des délégués négocier
avec un représentant du gouverneur. -Le
gouverneur étant absent dans la ville. Les manifestants refusent net. Le maire
décide alors de partir, déclenchant ainsi les violences policières.
« Comme vous ne voulez pas discuter avec le chef de cabinet du gouverneur,
je vous laisse à la disposition de la police », lance-t-il avant de
s’engouffrer dans sa voiture. C’est le signal.
Les policiers se font alors de plus en plus menaçants. L’un
de leurs chefs ordonne : « bozuwa bango nyoso »,
comprenez : « capturez-les tous ». Les agents de l’ordre se
ruent alors sur la foule…et sur les journalistes. Nous sommes à six
journalistes sur place. Un de nous lance un cri « Sauve qui peut ».Je
me retrouve à courir dans tous les sens. Jusqu’à tomber dans une crevasse. Je
me relève aussitôt. L’un des policiers me pointe du doigt.
« Attrapez-le ». J’ai beau crier : « Je suis journaliste,
je suis journaliste ». Rien n’y fait. Ils me poursuivent toujours. Je
roule sur un caillou avec mes basket,Soudain, je me retrouve plaqué au sol.
Montrer mon badge « journaliste » ne suffit pas. « On va tous
vous emmener », lance un policier, l’air menaçant. « Je
souri… » L’un d’un plonge aussitôt la main dans mes poches. Il
veut prendre l’un de mes Smartphones. Je résiste. Un autre m’arrache violemment
ma gourmette où était suspendu mes lunettes anti soleils. Ils me retiennent
ainsi pendant une dizaine de minutes, n’hésitant pas à me m’asséner des coups
de pied et de poings…
Et je m’en sors finalement avec quelques bleus ainsi que des
courbatures, les yeux embués de larmes à cause des gaz lacrymogènes.
Je ne me suis pas arrêté par là, deux jours après c’est
maintenant une grande manifestation qui est organisée dans la ville.
Une foule des résidents du quartier Ndosho(situé à l’ouest
du centre ville de Goma) ,avec un cadavre aux épaules.
C’est une victime des deux Obus qui viennent de tomber sur
la ville.
Je m’y rends faire mon travail de journaliste, oubliant
l’action d’il y a deux jours.
Cette fois ci c’est la police qui nous encadre. Bien sûr
avec la peur au ventre, en pensant qu’elle peut changer d’avis d’un moment à
l’autre.
Dieu merci, la manifestation se déroule dans un petit ordre,
je prends des photos, Sons et vidéos, je m’en sors sein et sauve.
Et en fin j’ai la
force d’écrire encore sur mon petit blog…
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