Voici la réflexion de Ban Ki-moon et Jim Yong Kim sur la région des Grands Lacs. Avant leur visite prévue ce 23 dans cette région.
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Ban ki Moon |
Dans les jours qui
viennent, nous nous rendrons en Ouganda, en République démocratique du Congo et
au Rwanda pour rencontrer les dirigeants de la région et annoncer une série
d’engagements précis propres à accélérer le développement et à consolider la
paix. Cette visite commune, une première, est liée à un nouvel accord
extrêmement important, l’Accord-cadre pour la paix, la sécurité et la
coopération en République démocratique du Congo et dans la région.
Cet accord est le fruit
d’efforts concertés de l’ONU, de la Conférence internationale sur la région des
Grands Lacs, de la Communauté de développement de l’Afrique australe et de
l’Union africaine. Il repose sur le constat suivant : pour mettre fin à la
succession de conflits catastrophiques qui ont déchiré la RDC, il faut aborder
les choses sous un angle nouveau. Il ne suffit pas de gérer les crises et les
retombées des hostilités. Nous devons nous attaquer aux causes profondes. Signé
par 11 pays, l’accord prévoit que les dirigeants de la région agissent, avec
l’appui de la communauté internationale, pour tenter de régler les problèmes
communs de sécurité et de développement. Et comme les engagements pris doivent
être tenus, il prévoit aussi la création de mécanismes de contrôle rigoureux devant
permettre de vérifier que les résultats ont été atteints.
Nous pensons que cette
optique globale ouvre à la RDC et à la région des Grands Lacs des perspectives
de paix et de développement qu’elles n’ont pas eues depuis des années. Mais cet
« accord-cadre pour l’espoir », comme l’a appelé Mary Robinson,
l’Envoyée spéciale des Nations Unies pour la région des Grands Lacs, va
demander beaucoup de travail.
Un nombre sidérant
d’habitants de la RDC disposent de moins de 1,25 dollar par jour pour vivre.
Plus de 7 millions d’enfants – un tiers de ceux qui devraient être
scolarisés – n’ont pas accès à l’instruction. Quelque 2,4 millions
d’enfants souffrent de malnutrition aiguë. Le paludisme, le choléra et la
rougeole font des ravages du fait de l’insuffisance des soins de santé, de la
qualité de l’eau et de l’assainissement. Les routes sont dans un état pitoyable
et l’électricité est chère, quand il y en a. Les produits les plus courants
doivent être importés. Quelque 6,3 millions de personnes dépendent de l’aide
alimentaire.
La violence sexuelle
demeure un fléau partout dans le pays, et est régulièrement utilisée comme arme
de guerre par les groupes armés qui sévissent dans l’est du pays. L’absence
d’emplois et de perspectives d’avenir fait le lit de la criminalité. Plus de
3 millions de Congolais ont dû fuir pour se mettre en sécurité; 2,6
millions sont déplacés dans le pays et 450 000 sont réfugiés dans les pays
voisins.
C’est principalement des
dirigeants de la région que dépendront la paix, la stabilité et la croissance
économique. Le système des Nations Unies, y compris le Groupe de la Banque
mondiale, et la communauté internationale tout entière doivent les appuyer.
Nous nous engageons à ce que nos deux organisations collaborent de plus près,
selon des formules nouvelles, pour que l’application des volets de l’Accord se
rapportant aux questions politiques et à la stabilité aille de pair avec le
développement économique indispensable à une paix et une stabilité durables.
En relançant l’activité
économique et en créant des moyens de subsistance dans les zones frontière, en
favorisant le commerce transfrontalier, en développant graduellement
l’interdépendance économique, en combattant la corruption et en veillant à ce
que les ressources naturelles soient gérées au profit de tous, il est possible
de renforcer petit à petit la confiance et d’améliorer la qualité de vie, le
niveau des revenus et les perspectives d’avenir.
L’Ouganda et le Rwanda
ont montré qu’il est possible de se remettre d’un conflit et de progresser vers
les objectifs du Millénaire pour le développement. Nous sommes à présent en
train d’élaborer pour l’après-2015 un nouveau programme de développement
durable visant à faire disparaître la misère. De nombreux pays d’Afrique
avancent avec dynamisme. Le peuple de la RDC mérite lui aussi une vraie chance
d’aller de l’avant.
Un accord de paix doit
rapporter des dividendes de paix. Nous devons aux habitants de la région des
Grands Lacs de les aider à réaliser les aspirations qu’ils nourrissent depuis
si longtemps : la fin des conflits, la scolarisation des enfants, le respect
des droits des femmes, l’accès aux soins de santé et à des sources d’énergie
durables, et des revenus et des perspectives d’avenir pour tous. C’est pour
cette raison que nous sommes dans la région. Nous voyons, à l’horizon, de
l’espoir pour les peuples de la région des Grand Lacs, et nous sommes
déterminés à les accompagner tout au long du chemin.
Ban-Ki-moon est le
Secrétaire général de l’Organisation des Nations Unies; Jim Yong Kim est le
Président du Groupe de la Banque mondiale.
Nations Unies
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